Qu’est-ce qu’un dividende sain ?

 Concevoir une stratégie dividendes saine

Le dividende constitue une part conséquente du retour total généré par un investissement en bourse. Il est donc essentiel pour gagner en bourse à long terme et investir sereinement. Mais attention, il ne faut pas regarder que le rendement (yield, montant du coupon annuel/dernier cours de bourse connu) !

Je vais partir du principe que vous savez ce qu’est un dividende en rappelant simplement que c’est une redistribution des bénéfices d’une entreprise à ses actionnaires, sous forme de coupon pouvant être du cash ou des titres nouveaux. C’est en quelques sortes le loyer versé aux propriétaires, c’est-à-dire les actionnaires.

Je parle ici de stratégie dividendes, car ils constituent un revenu passif par excellence.  Leur régularité peut être précieuse dans la gestion d’un portefeuille, pour s’assurer des entrées de liquidités particulièrement précieuses lorsqu’on est 100% investis et que la bourse baisse par exemple. Théoriquement, une société est totalement libre sur ses dividendes : régularité du détachement des coupons, montant, interruption. En pratique, quelques repères simples permettent d’évaluer la qualité d’un dividende avant de lui attribuer le label dividende sain. Vérifiez que les oeufs de votre poule sont en or massif et pas en plaqué or !

Caractéristiques d’un dividende sain :

  • Régulier sur une période longue : Un seul mot d’ordre pour vérifier cela, c’est l’historique ! Personnellement, le site que je trouve le plus clair pour étudier rapidement cela sur la dernière décennie est Tradingsat (ceci n’est pas un lien affilié). Une société qui a continué de verser des dividendes même en pleine tempête (pensez 2009, que j’utilise souvent comme crash test) continuera vraisemblablement à en verser dans des eaux plus calmes. Certaines entreprises comme IBM ou Exxon n’ont jamais interrompu leur versement en un siècle: du solide ! En bref, plus le nombre d’années consécutives de versement d’un dividende est important, mieux c’est.
  • Suivant une politique claire : Il y a en général 2 écoles sensées là-dessus. Celle du payout ratio ou ratio de distribution stipulant par exemple que le montant des dividendes représentera un certain pourcentage du bénéfice net. Celle du stable ou en hausse qui ne baissera jamais le nominal du coupon. J’ai personnellement une préférence pour la 2e, qui donne à mon goût une meilleure visibilité à l’investisseur sur ses flux de trésorerie futurs, même si la 1ere est tout à fait logique, vu que le maintien d’un haut niveau de dividende alors que les profits baissent peut être dangereux. Le tout est que le dividende suive une politique transparente et justifiée aux actionnaires.
  • Respectueux d’un payout ratio approprié : Les deux premiers points sont empiriques, celui-ci est plus fondamental. Il semble de bon sens qu’une entreprise ne verse pas plus de dividendes à ses actionnaires qu’elle fait de profits non ? Dans le cas contraire, c’est qu’elle s’endette pour verser des dividendes, ce qui n’est a priori pas une stratégie très pérenne… Ensuite, il est rarement opportun de verser la totalité ou presque de son profit aux actionnaires, car dans ce cas, que reste-t-il pour investir dans la croissance (rentable !) de l’entreprise ? Ainsi, des ratios de distributions considérés comme sains tournent autour de 50% pour une entreprise à croissance modérée, 70-80% pour une société mature (vache à lait), voire plus de 80% pour des sociétés génératrices de cash et faiblement consommatrices de capitaux comme des chaînes de TV par exemple. Des sociétés en forte croissance, généralement jeunes et pas nécessairement malsaines peuvent décider de réinvestir plus de profits dans leur croissance et présenter des payout ratios à moins de 30%, voire à 0% sans que cela constitue un signal d’alarme, au contraire. Dans ce cas, ce sont simplement des sociétés de croissance et non de rendement.
  • Distribué par une entreprise saine : Cela peut paraître bateau, et pourtant… Toutes choses égales par ailleurs, une stratégie dividendes sera probablement plus solide si elle se fonde sur une entreprise faiblement endettée, voire en situation de trésorerie excédentaire. En effet, il est probable qu’une société endettée décide à un moment de réduire son endettement… en sacrifiant le dividende pendant quelques temps, tout simplement. A l’inverse, une société aux caisses bien pleines peut décider de redistribuer sa trésorerie aux actionnaires, à travers un dividende exceptionnel ou des rachats d’actions, ce qui est toujours bon à prendre !

Faites-vous votre propre avis !

Comme toujours, méfiez-vous de la « sagesse populaire ». Des actions dites de rendement présentent parfois des dividendes à la pérennité douteuse. En voici un exemple sur une célèbre société dite « de rendement » du CAC 40 :

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